Serena Williams, ambassadrice pour un médicament amaigrissant : doit-on lui en vouloir ?

Tu as peut-être vu passer la récente campagne publicitaire où Serena Williams devient ambassadrice d’un médicament pour maigrir, de la famille des Ozempic ou Wegovy, commercialisé par la société Ro.
Le buzz a été immédiat :
– Certains dénoncent une trahison, estimant qu’une athlète de son envergure ne devrait pas s’associer à ce type de produit.
– D’autres la soutiennent, applaudissant son courage et sa volonté de prendre soin de sa santé.
Moi aussi, j’ai eu envie d’en parler. Pas pour juger Serena Williams, mais pour analyser ce que signifie réellement ce partenariat. Parce que derrière le choix de Serena Williams d’utiliser un médicament pour perdre du poids, il y a bien plus qu’une décision personnelle : il y a des enjeux sociétaux, économiques et culturels qui méritent qu’on s’y attarde.

Clarification importante : chacun est libre de ses choix
Avant de commencer, je veux être très claire. Cet article n’a pas vocation à critiquer celles et ceux qui choisissent de recourir à un médicament pour perdre du poids.
Chacun est libre de décider ce qu’il veut pour son corps et sa santé.
Personne n’a le droit de juger ou de ridiculiser ces choix, qu’il s’agisse de Serena Williams, de toi, de ta voisine ou de Muriel de la compta.
Je m’appelle Diyae et je suis diététicienne psycho–comportementaliste, certifiée en Alimentation Intuitive ! Mon objectif ? T’aider à apaiser ton alimentation afin de manger mieux loin de toute injonction à la minceur !
Si tu souhaites discuter de toi, de ton histoire avec la nourriture et de tes objectifs, je te propose de réserver un appel découverte offert (sans engagement bien sûr) !
Serena Williams : une carrière exceptionnelle, un corps toujours scruté
Personne n’est à l’abri de la culture des régimes, pas même une championne de renommée mondiale !
Si toi et moi ressentons déjà une pression quotidienne à cause de notre apparence, imagine un instant ce que cela représente pour une femme dont le corps est scruté, commenté et critiqué par le monde entier depuis plus de vingt ans.

Serena Williams, c’est l’une des sportives les plus titrées de l’histoire : 74 titres, dont 23 victoires en Grand Chelem. Pourtant, malgré ses exploits, son corps a toujours été au centre des débats… parfois plus que ses performances !
Hypersexualisée, réduite à ses formes au lieu de ses talents.
Comparée à un homme ou à un gorille, des insultes teintées de sexisme et de racisme.
Critiquée pour ses tenues, comme si son style vestimentaire importait plus que ses victoires.
Autrement dit : Serena Williams n’a jamais été simplement “l’une des plus grandes sportives de tous les temps”. Elle a aussi été la cible d’une double stigmatisation : grossophobie et racisme.
Il est important de rappeler que la grossophobie moderne n’est pas neutre : elle est profondément enracinée dans l’histoire du racisme, notamment anti-noir. Les corps noirs, et en particulier les corps des femmes noires, ont longtemps été construits comme “hors norme”, “excessifs”, “à dompter”. Serena Williams, femme noire, musclée, puissante, est à l’intersection de toutes ces oppressions.
Pour aller plus loin sur le sujet, je te conseille ces deux lectures (en anglais) :
Fatphobia : Fearing the black body, Sabrina Strings,
The Body Liberation Project, Chrissy King

Quand Serena Williams parle de son poids : on entend la culture des régimes
Dans une interview accordée à The Today Show pour promouvoir ce partenariat, Serena Williams explique :
« Je suis un très bon exemple du fait qu’on peut tout faire — manger sainement, s’entraîner jusqu’à pratiquer un sport de haut niveau et même atteindre les finales de Wimbledon et de l’US Open — et malgré tout ne pas réussir à perdre du poids… »
Autrement dit : même un corps aussi “discipliné” que celui d’une athlète professionnelle ne suffit pas à échapper à la pression de la balance.
C’est là l’oeuvre de la culture des régimes ! C’est un système de croyances profondément ancré dans notre société qui nous fait croire que :
-
Le corps idéal est forcément plus mince.
-
Les efforts ne valent quelque chose que s’ils se traduisent par une perte de poids.
-
Même la réussite sportive la plus éclatante ne pèse pas lourd face à un chiffre affiché sur la balance.
Le sous-texte est violent : Si le corps qui a permis à Serena Williams de remporter tous ses titres n’est pas suffisamment bien comme il est…que dire des nôtres alors ?
N’hésite pas à lire mon article sur le sujet : culture des régimes : son impact sur notre bien-être et les clés pour s’en détacher !
Santé ou minceur ? Une confusion entretenue
Dans son discours, Serena Williams insiste aussi sur la santé :
« En tant qu’athlète, et en tant que personne qui a tout essayé, je n’arrivais tout simplement pas à amener mon poids à un niveau que je considérais comme sain… »
C’est là que la culture des régimes est particulièrement insidieuse car un glissement s’opère : elle ne parle pas de préoccupations liées à l’image corporelle mais à la santé !
Dans notre société, le mot “sain” est trop souvent confondu avec “mince” (ou léger / peu gras / peu calorique quand on parle d’alimentation)
Pourtant, la science est claire :
On peut être en bonne santé dans une diversité de tailles et de morphologies.
Les comportements de santé (alimentation, activité physique, sommeil, gestion du stress, soutien social…) comptent bien plus que l’IMC.
Chercher à tout prix à rentrer dans un 36-38 n’a rien d’un impératif médical, surtout quand on a déjà une hygiène de vie irréprochable.
Mais ce discours entretient la croyance que la minceur est un objectif de santé universel. Et c’est exactement ce que la culture des régimes cherche à nous vendre.
Je te conseille cet article sur le sujet de la santé et du poids : Health at Every Size® (HAES) : considérer la santé au-delà du poids

Serena Williams devient égérie d'un médicament ou d'un produit lifestyle ?
En France, les médicaments “anti-obésité” sont encadrés par une réglementation stricte. Le Wegovy est indiqué en seconde intention, en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique uniquement dans deux cas :
IMC ≥ 30 (obésité).
IMC ≥ 27 avec au moins une complication liée au poids (hypertension, diabète, excès de lipides, apnée du sommeil…).
Autrement dit : ce n’est pas un “produit minceur” destiné à la population générale.
Alors pourquoi est-ce problématique que Serena Williams en devienne l’ambassadrice ? Parce que son image contribue à normaliser une utilisation beaucoup plus large, motivée avant tout par des raisons esthétiques… et donc extrêmement lucrative pour l’industrie pharmaceutique.
Le plus inquiétant, c’est la façon dont ce partenariat a été mis en scène. On présente Serena Williams comme l’égérie d’un médicament amaigrissant comme si elle faisait la promo d’une crème de jour.
Or, un traitement comme Wegovy n’est pas anodin et présente de nombreux effets secondaires :
Troubles digestifs (nausées, vomissements, constipation, diarrhée).
Maux de tête, fatigue.
Calculs biliaires.
Pancréatite.
Perte de cheveux.
Sans oublier :
Une reprise de poids très fréquente à l’arrêt du traitement.
Un coût financier élevé, notamment si le traitement est suivi à vie.
Présenter un tel médicament comme une solution miracle quand rien d’autre n’a marché, sans rappeler ces réalités, c’est participer à une banalisation dangereuse.
Rappel : nous vivons dans une société capitaliste
On vit dans un monde capitaliste où les célébrités ne sont pas seulement des sportifs ou des artistes, mais aussi des panneaux publicitaires vivants.
Serena Williams ne fait pas exception. Son choix de prêter son image à Ro n’est pas forcément motivé par une volonté de “t’aider à prendre soin de ta santé”. Il est probablement lié :
À un chèque colossal (mais sûrement moindre que celui d’un sportif blanc).
Au fait que son mari siège au conseil d’administration de l’entreprise.
Rappelons-nous que les célébrités que nous admirons ne sont pas nos amies, mais des figures publiques dont les décisions sont influencées par leurs propres intérêts.

En conclusion, Serena Williams ne mérite pas d’être trainée sur la place publique. Ce partenariat illustre simplement à quel point la culture des régimes est tenace, au point d’atteindre même les corps les plus performants, les plus disciplinés et les plus admirés au monde.
Plutôt que de pointer du doigt, rappelons-nous que la vraie libération, c’est de reprendre du pouvoir face aux injonctions extérieures et de redéfinir la santé à notre mesure, pas à celle de la société obsédée par la taille XS et le profit.
Je m’appelle Diyae et je suis diététicienne psycho–comportementaliste, certifiée en Alimentation Intuitive ! Mon objectif ? T’aider à apaiser ton alimentation afin de manger mieux loin de toute injonction à la minceur !
Si tu souhaites discuter de toi, de ton histoire avec la nourriture et de tes objectifs, je te propose de réserver un appel découverte offert (sans engagement bien sûr) !
