Nouvelle année : doit-on devenir la meilleure version de soi ? 

Chaque début d’année, c’est le même cinéma ! Les réseaux sociaux, les magazines et même les conversations entre amis résonnent avec la même rengaine : devenir “la meilleure version de soi”.

En apparence positive et motivante, cette résolution alimente en réalité la quête sans fin de perfection et d’optimisation personnelle. Mais pourquoi ce concept est-il devenu si central ? Pourquoi ressent-on autant de pression pour changer, améliorer, ou encore corriger ce que nous sommes ?

Dans cet article, nous explorerons les racines (coucou le capitalisme et la culture des régimes) de cette idée et les raisons pour lesquelles cette recherche de perfection est problématique

Sommaire


Une injonction capitaliste à la productivité

La quête de la “meilleure version de soi” s’inscrit dans une logique profondément ancrée dans le capitalisme moderne, où la valeur d’un individu semble directement proportionnelle à sa productivité. Ce phénomène, parfois décrit comme du “capitalisme intériorisé”, nous amène à lier notre estime de nous sur notre efficacité, notre performance et notre utilité. 

Sous le capitalisme, tout aspect de la vie humaine peut être monétisé, y compris notre temps et nos capacités personnelles. Cette dynamique pousse à croire que chaque moment libre ou non optimisé, comme une bonne sieste, est un “gâché” !

La quête de la “meilleure version de soi” transforme ainsi nos activités quotidiennes, nos loisirs, et même notre bien-être en opportunités d’investissement personnel, où tout échec est perçu comme un manque d’effort ou de discipline – et on n’aime pas trop beaucoup ça !

Aujourd’hui, elle est renforcée par les réseaux sociaux et l’industrie florissante du développement personnel (40,1Md$ en 2022 selon Global Market Insights) , valorisant l’idée que l’on doit travailler toujours plus, au boulot mais aussi sur nous !

 

La quête de minceur déguisée en quête de santé

Devenir la “meilleure version de soi-même” commence très souvent par : manger sain et faire du sport. Ces pratiques portant l’étiquette bienveillante du self-care ou de la “bonne santé” cachent souvent une motivation plus insidieuse : améliorer son apparence physique pour correspondre aux standards de beauté dominants !

Dans notre société, la santé est devenue un prétexte justifiant des comportements alimentaires ou sportifs parfois extrêmes. On valorise les régimes restrictifs et les entraînements intensifs en les qualifiant de “discipline” ou de “mode de vie sain“. Pourtant, pour beaucoup, ces démarches visent moins à se sentir bien qu’à “ paraitre bien “ !


La quête de perfection : un idéal impossible

Devenir “la meilleure version de soi-même” s’accompagne souvent d’une exigence implicite : atteindre une perfection qui est toujours hors de portée ! Chaque aspect de la vie (travail, santé, apparence, relations) doit être optimisé pour répondre à des idéaux inaccessibles.

La perfection est, par définition, une chimère. Pourtant, notre société valorise ceux qui semblent s’en rapprocher, que ce soit à travers leur carrière, leur apparence ou leur style de vie.

Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la perpétuation de cet idéal. Chaque photo parfaitement cadrée, chaque maison parfaitement entretenue, chaque tiroir parfaitement rempli, chaque routine matinale à rallonge renforcent l’idée que l’on pourrait (et devrait) faire de même pour … bah pourquoi en fait ? … ah être heureux !

Cette quête de perfection repose également sur une croyance erronée : celle que tout peut être contrôlé par la discipline et la volonté. Spoiler alert : la vie est imprévisible et des facteurs externes (imprévus pro, événements familiaux, fatigue…) viennent régulièrement déjouer nos plans.

En ignorant l’impact de ces circonstances sur nos performances, l’imperfection reflète alors un manquement personnel : à nous l’auto-critique et la culpabilité !


L'influence des réseaux sociaux : des standards irréalistes à portée de clic

Les réseaux sociaux, omniprésents dans nos vies, jouent un rôle central dans la propagation de l’idée qu’il faut constamment “s’améliorer”. En quelques minutes (que dis-je ? de secondes) de navigation, nous sommes exposés à des images de corps sculptés, de maisons parfaitement décorées et entretenues, de plats finement travaillés et de routines de vie à rallonge (coucou le miracle morning).

Le problème est que c’est images sont (trèèès) souvent éditées et/ou mises en scène et ne montrent qu’une version soigneusement choisie de la réalité. Pourtant, elles deviennent LE point de comparaison auquel, nous simples mortels, nous nous mesurons !


Les conséquences de cette quête vouée à l’échec

S’engager dans une quête constante pour devenir “la meilleure version de soi-même” peut sembler valorisant, mais les implications à long terme sont souvent plus néfastes qu’il n’y paraît. Derrière les promesses de transformation personnelle se cachent des conséquences qui fragilisent l’équilibre de vie et l’épanouissement individuel.

 1 . Une estime de soi conditionnelle à ses réalisations :

  • Une insatisfaction chronique : L’atteinte d’un objectif apporte une satisfaction de courte durée avant d’être remplacé par une nouvelle exigence : ce n’est “jamais assez”
  • Une dépendance à l’approbation extérieure : Lorsque la validation des autres devient essentielle, toute critique ou absence de reconnaissance peut être dévastatrice.

 2. Un impact négatif sur la santé mentale :

  • Anxiété et perfectionnisme : Le besoin de tout contrôler et d’atteindre des normes irréalistes est un facteur de stress chronique.
  • Dépression : Le sentiment d’échec ou l’incapacité à maintenir des standards élevés peut mener à un profond découragement.
  • Troubles alimentaires : Les injonctions liées à la minceur et à la “santé” peuvent alimenter des comportements alimentaires restrictifs ou compulsifs.

3. Un épuisement physique et émotionnel

  • Fatigue chronique : Entre l’activité physique intense, les régimes alimentaires stricts et la charge mentale liée à la planification et l’optimisation de chaque aspect de la vie, le corps finit par s’épuiser.
  • Burn-out : L’épuisement professionnel, souvent alimenté par des objectifs irréalistes et une hyper-connectivité, touche de plus en plus de personnes, y compris en dehors du cadre du travail.

4. Une perte de plaisir et de spontanéité

Dans cette course à l’optimisation, les moments de plaisir simple passent souvent au second plan :

  • Manger un dessert sans culpabilité devient impossible lorsque l’alimentation est moralement chargée.
  • Profiter d’une journée de repos est perçu comme une perte de temps 


Qu’est-ce qu’on fait alors ?

Il est possible de repenser notre rapport à nous-mêmes et au concept de “meilleure version”. Plutôt que de viser une perfection inatteignable dictée par des standards externes, on peut adopter une approche plus équilibrée, fondée sur l’acceptation de soi et des pratiques alignées avec ses valeurs !

1. Redéfinir ce que signifie “s’améliorer”

Plutôt que d’associer l’amélioration personnelle à l’apparence ou à la productivité, nous pouvons recentrer nos objectifs sur des aspects plus profonds et significatifs :

  • Cultiver le bien-être intérieur : Se concentrer sur la santé mentale, l’équilibre émotionnel et la résilience plutôt que sur des résultats visibles comme le poids ou les performances.
  • Prioriser ses valeurs : Identifier ce qui est réellement important pour soi, qu’il s’agisse de passer du temps en famille, de développer sa créativité ou d’explorer de nouvelles passions.

2. Pratiquer l’acceptation de soi

L’acceptation ne signifie pas abandonner l’idée de progrès, mais plutôt reconnaître sa valeur indépendamment des accomplissements ou de l’apparence :

  • Accepter ses limites : Nous ne pouvons pas tout contrôler et il est normal de ne pas être performant ou “au top” en permanence.
  • Valoriser ses forces : Apprendre à apprécier ses qualités et ses réussites, même petites, au lieu de se concentrer uniquement sur ce qui pourrait être amélioré

3. Apprendre à écouter ses besoins réels

Au lieu de suivre des injonctions extérieures, prendre le temps d’identifier ce dont on a vraiment besoin :

  • Se demander “Qu’est-ce qui me ferait du bien aujourd’hui ?” : certains jours, un moment de repos peut être plus bénéfique qu’un entraînement intense ou un repas “parfait”.
  • Honorer ses envies sans culpabilité : manger un dessert, prendre une journée de repos ou dire non à une activité qui ne nous convient pas sont des actes d’amour envers soi-même.

4. Trouver un équilibre entre ambition et bienveillance

Progresser et évoluer sont des désirs naturels, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre santé mentale ou physique :

  • Fixer des objectifs réalistes et éviter de se surcharger d’attentes irréalisables 
  • Apprécier le cheminement et valoriser les efforts et les apprentissages, même si les résultats ne sont pas immédiats ou parfaits.
  • S’autoriser à être imparfait : Célébrer les moments de relâchement ou de plaisir simple, comme une soirée entre amis ou une activité ludique, sans culpabilité.

5. Réduire l’influence des réseaux sociaux

  • Détox digitale : Prendre des pauses régulières pour se reconnecter à soi-même et au monde réel.
  • Suivre des comptes inspirants et réalistes : S’abonner à des créateurs qui prônent l’authenticité, la diversité corporelle et la bienveillance, et se désabonner de ceux qui alimentent l’insatisfaction.
  • Se rappeler que les contenus sont filtrés et que ce ce que l’on voit en ligne ne reflète qu’une version idéalisée et souvent biaisée de la réalité

En conclusion, la quête de la “meilleure version de soi-même” peut facilement devenir une source d’épuisement et de frustration, alimentée par des injonctions extérieures irréalistes. En remplaçant la pression de la perfection par l’acceptation, l’écoute de ses besoins et des choix alignés avec ses valeurs, il est possible de retrouver un équilibre. S’épanouir ne signifie pas changer à tout prix, mais apprendre à s’aimer tel que l’on est.

Hâte d’avoir ton avis sur le sujet : n’hésite pas à le laisser un petit commentaire 🙂 

Je m’appelle Diyae et je suis diététicienne spécialisée dans les compulsions alimentaires et l’alimentation intuitive ! Je te propose un appel découverte offert pour parler de toi, de ton histoire avec l’alimentation et de tes objectifs (gratuit, sans engagement) : clique ici

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